Déjeuner au Yard

Un peu perdue entre deux stations de métro, la petite rue de Mont-Louis cache décidément de bonnes adresses. Elle est située à quelques encablures du Père-Lachaise qui concentre comme il se doit les entreprises de pompes-funèbres. Ce jour-là, quatre corbillards s’arrêtent à l’angle de la rue. Un drôle de cortège qui repart quelques minutes plus tard vers le Panthéon.

Au fond de la ruelle, les façades du Little Paris Hanoi et du Yard se font face, dans un singulier jeu de contraste. A l’intérieur, le Yard joue la carte du bistrot sympathique, tables en marbre, grand miroir, déco un brin industrielle mais sans chichis. A l’heure du déjeuner, la petite salle est vite remplie d’une clientèle d’habitués. Dans la cuisine ouverte, une équipe sexy s’active sous la houlette du chef britannique Nye Smith.

La carte, volontairement courte, est ponctuée de 3 entrées, de 3 plats et de 3 desserts – radis, accras, onglet de boeuf et frites maison, poulet aux endives, tarte au citron. On est loin des appellations exotiques des établissements pseudo branchés. Le Yard table sur le goût et la qualité, et pour ne rien gâter les assiettes sont bien présentées. C’est sans douIMG_2587te, à l’heure du déjeuner, l’un des meilleurs rapports qualité-prix du quartier.

Yard
6 rue de Mont-Louis, Paris 11
Tél. 01 40 09 70 30
Ouv. du lundi au vendredi midi & soir
Formule midi entrée+plat+dessert 18 €

Dans les coulisses des guides de voyages

Cartoville, les petits guides malins/urbains qui se déplient, font fureur depuis l’ère airbnb-Ryanair ! Le n°2 de Carto, c’est Vincent Grandferry. 6tag_290515-145354On s’est rencontrés rue Sébastien-Bottin à 23 ans, lui commençait comme auteur et moi je finissais mon stage aux guides. Aujourd’hui éditeur, Vincent a écrit pour la collection les titres de Munich, Bruxelles, Ibiza, Saint-Pétersbourg, Varsovie, Bangkok, Tokyo, Dubrovnik, Paris et Prague. Rien que ça ! Retour sur le parcours de l’éditeur le plus baroudeur de Gallimard Loisirs.

Tiphaine Cariou  Avant Cartoville, tu as été accompagnateur pour des agences de voyages pendant pas mal d’années. C’était pour qui ?
Vincent Grandferry  Surtout pour Nouvelles Frontières et Adeo. J’étais spécialisé dans les circuits dits «Expéditions». Il fallait donc être un peu débrouillard ! Cela m’a donné l’occasion de voyager au Vietnam, au Cambodge, en Birmanie, en Inde et en Indonésie. Et deux fois en Australie !

T. C.  Quel est le souvenir que tu retiens de tous ces voyages ?
V. G  Une très grosse galère ! En Inde, je m’occupais d’un groupe d’une quinzaine de personnes et gérait bien sûr tout le côté logistique, notamment le transport en rickshaw entre les gares et les hôtels. Un jour, un conducteur a décidé d’emmener deux de mes clients dans un hôtel pour qui il travaillait – le fameux backchich. Mais une fois là-bas, on les a enfermé dans une chambre ! Je suis parti en moto avec le patron de mon hôtel, on a sillonné toute la ville. Et on a fini par les retrouver.

T. C. Tu as commencé chez Cartoville en tant qu’auteur. Peux-tu nous décrire une journée type ?
V. G.  C’est une très grosse journée ! Quand tu es en repérage, tu travailles pratiquement 24h/24, et cela pendant quatre semaines environ. En moyenne, je testais 10 et 15 adresses par jour, musées, restaurants et… boîtes de nuit ! Quand tu es auteur carto, tu es également photographe ; le téléchargement et le classement des photos prend pas mal de temps. Le point positif, c’est que tu deviens incollable sur la ville où tu séjournes. A Tokyo, j’ai eu la chance de tester pléthore de restaurants et du coup de découvrir des spécialités dingues comme le fugu, le poisson dont le poison peut provoquer une mort quasi immédiate !

T. C. Tu es éditeur chez Cartoville depuis 6 ans. Quels sont les atouts de cette collection ?
V. G. Ce sont des guides typés courts séjours qui contiennent une carte dépliable par quartier, plus une sélection de sites à visiter et d’adresses. Nous sommes les seuls sur le marché ! Les titres qui se vendent le plus, ce sont ceux dédiés aux grandes villes européennes : Londres, Berlin, Rome, Barcelone, plus New York, qui est tiré à 30 000 exemplaires. Depuis que les billets d’avion ont baissé, les gens partent plus souvent en week-end. Et ils aiment le côté pratique de ce guide.

T. C. Quels sont vos titres en cours ?
V. G. Nous sommes en train de créer des Carto « famille » contenant des adresses spécifiques. Et en janvier 2016, les Cartoville Vancouver, Glasgow et Zagreb viendront grossir le catalogue.

Liberté, « la » pâtisserie-boulangerie (Ménilmontant)

Liberté, j’écris ton nom ! Tout en haut de la rue de Ménilmontant, la boulangerie-pâtisserie Liberté a ouverte en septembre dernier, investissant les locaux où a été inventée la fameuse flûte Gana – qui fait toujours les choux gras du 226 rue des Pyrénées. Sur la façad6tag_300515-164744e en brique, la signature de Benoît Castel voisine les grandes baies vitrées. Pâtissier pendant 10 ans à la Grande Epicerie du Bon Marché, le chef breton n’en est pas à son premier coup d’essai. Fort du succès de la boutique sise rue des Vinaigriers, il attire une clientèle d’initiés pour qui la qualité prime. Le pain granola – noisettes entières, cerneaux de noix et raisins – côtoie le légendaire pain du coin, façonné en grosses pièces vendues à la coupe. Son secret ? Un levain naturel cultivé sur une base de coing. Les gourmands testeront la tarte à la crème à la chantilly d’Isigny, signature du chef, ou le bobo au rhum, à la crème fouettée. Ici, les pains au chocolat et les croissants sont constitués d’un tiers de beurre. Pas mal (sauf pour les hanches) ! Surtout quand on sait que 70% des viennoiseries des boulangeries parisiennes sont industrielles. La Liberté prône une totale transparence -thème ô combien cher à notre époque -, on peut donc assister à la fabrication du pain et des gâteaux.

6tag_300515-164139La vaste salle aux murs en brique qui jouxte le coin boutique sert d’écrin le week-end à un brunch intitulé « comme à la maison ». Le concept ? Un buffet gargantuesque – prix à l’avenant. Près des fours à bois et des stères est disposée une farandole de victuailles. Côté salé, plateaux de charcuterie et de fromage, quiches, pizzas et gratin de macaronis ne font pas l’unanimité. Côté sucré, l’offre est plus pointue, de mini beignets côtoient une mousse rose fluo, et des smoothies aux recettes audacieuses se marient agréablement avec le pain granola et la confiture maison. Le coude à coude est de rigueur – plusieurs longues tables en bois participent à l’ambiance informelle du lieu. Service tip top malgré le ballet incessant des clients.

 

Liberté Ménilmontant
150 rue de Ménilmontant, Paris 20
Tél. 01 46 36 13 82
Brunch le sam. et le dim. de 12h à 16h (27 euros)

 

Aquaciné à la piscine Pontoise

Classée monument historique, la piscine du quartier latin est un petit bijou imaginé par l’architecte Lucien Pollet, à qui l’on doit la chicissime Molitor. Sa grande verrière et ses petites cabines individuelles ont d’ailleurs servi de cadre à plusieurs scènes du Bleu de Kieslowski, où l’on voit Juliette Binoche enchaîner les longueurs dans une belle lumière tamisée. Un peu de poésie que l’on retrouve en soirée, lorsque des notes de musique classique envahissent le bassin.

OLYMPUS DIGITAL CAMERAAppareils de musculation, cours de zumba, check. Sessions d’aqua-gym, limite ringard. La piscine Pontoise se transforme désormais en salle de cinéma ! Après Gravity en début d’année, c’était au tour de La Vie Aquatique (Wes Anderson) d’être projetée hier soir pour le plus grand pOLYMPUS DIGITAL CAMERAlaisir de 200 participants qui avaient, pour l’occasion, enfilé leurs plus beaux maillots. On est venu entre amis mais surtout en amoureux, revival des émois des années collège. Un grand écran domine le bassin où s’éparpillent des centaines de gros fauteuils-flottant. C’est un peu la foire d’empoigne et les retardataires s’accommodent de frites dans une ambiance potache. C’est l’heure de prendre la température, un bon 33° pour l’occasion. Pendant le film, deux plongeurs sillonnent les tréfonds du bassin et quelques frileux regagnent leur cabine dans l’obscurité. Malgré une VOSTFR longue à la détente, pari réussi pour cet aquaciné organisé conjointement par « Paris fait son cinéma ».

 

Piscine Pontoise
19 rue de Pontoise, Paris 5
equipement.paris.fr/piscine-pontoise-2918