Aquaciné à la piscine Pontoise

Classée monument historique, la piscine du quartier latin est un petit bijou imaginé par l’architecte Lucien Pollet, à qui l’on doit la chicissime Molitor. Sa grande verrière et ses petites cabines individuelles ont d’ailleurs servi de cadre à plusieurs scènes du Bleu de Kieslowski, où l’on voit Juliette Binoche enchaîner les longueurs dans une belle lumière tamisée. Un peu de poésie que l’on retrouve en soirée, lorsque des notes de musique classique envahissent le bassin.

OLYMPUS DIGITAL CAMERAAppareils de musculation, cours de zumba, check. Sessions d’aqua-gym, limite ringard. La piscine Pontoise se transforme désormais en salle de cinéma ! Après Gravity en début d’année, c’était au tour de La Vie Aquatique (Wes Anderson) d’être projetée hier soir pour le plus grand pOLYMPUS DIGITAL CAMERAlaisir de 200 participants qui avaient, pour l’occasion, enfilé leurs plus beaux maillots. On est venu entre amis mais surtout en amoureux, revival des émois des années collège. Un grand écran domine le bassin où s’éparpillent des centaines de gros fauteuils-flottant. C’est un peu la foire d’empoigne et les retardataires s’accommodent de frites dans une ambiance potache. C’est l’heure de prendre la température, un bon 33° pour l’occasion. Pendant le film, deux plongeurs sillonnent les tréfonds du bassin et quelques frileux regagnent leur cabine dans l’obscurité. Malgré une VOSTFR longue à la détente, pari réussi pour cet aquaciné organisé conjointement par « Paris fait son cinéma ».

 

Piscine Pontoise
19 rue de Pontoise, Paris 5
equipement.paris.fr/piscine-pontoise-2918

Pavillon de l’Ermitage, l’unique folie de Paris

A deux pas de la médiathèque Marguerite-Duras, le jardin de l’Hospice-Debrousse occupe une partie de l’ancien parc du château de Bagnolet (17e siècle), construit pour la duchesse d’Orléans, fille naturelle de Louis XIV. Le pavillon de l’Ermitage, unique folie de style Régence à Paris, est le dernier vestige du domaine. Sa façade sur rue est protégée par une magnifique grille surmontée des

initiales d’un co6tag_210315-145215nfiseur argenté expert en communication. S’il existait encore aujourd’hui, le château cohabiterait avec le Novotel de Bagnolet ! Entre le château et le pavillon s’étendait un immense parc de de 56 hectares. Considéré comme l’un des plus beaux de la région parisienne, il était agrémenté de trois folies, dont il ne subsiste que celle-ci.

 

6tag_210315-145746

Lieu d’agrément composé de petits salons, le pavillon était prisé aux beaux jours. Y prendre le thé était l’une des activités principales. A l’intérieur, de belles fresques murales représentent des scènes champêtres et des ermites en méditation, qui ont donné leur nom au pavillon. Dans le salon situé à l’arrière sont présentées des expositions temporaires dédiées à l’Est parisien. Vendu en 1887 à l’Assistance Publique, le pavillon servait de salle de réunion. L’étage avait même été aménagé en appartement de fonction ! Mais depuis quelques années, il est enfin ouvert au public.

Pavillon de l’Ermitage
148 rue de Bagnolet, Paris 20
Tél. 01 40 24 15 95
Ouvert du jeudi au dimanche de 14h à 17h30 (de mars à mi-juillet)
Randonnées apéritives ponctuelles

Le Pavillon des Canaux (canal de l’Ourcq)

Après avoir remporté un appel d’offres il y a 2 ans, l’équipe de l’agence Sinny & Ooko (Recyclerie, Comptoir Général, etc.) a investi le Pavillon des Canaux, ancien domicile de l’éclusier. Réouvert depuis mi-mars après de gros travaux, la maisonnette affiche une déco chaleureuse et acidulée, à l’esprit vintage.
Le rez-de-chT7aussée est volontiers squatté par une armada d’ordinateurs portables. A l’étage, la déco se veut plus audacieuse, au fil des pièces, toutes différentes, du salon rouge à la chambre d’enfant, on trinque au jus de bissap. Dans la mini salle de bains donnant sur la canal, deux fashionistas picorent dans la baignoire d’un air détaché.

Côté accueil, rien à redire. A l’heure du brunch, le service est souriant malgré l’affluence et, derrière le comptoir, Marie explique patiemment le rôle du buzzeur qu’elle remet à chaque convive. A 12h30, le cheesecake est rayé définitivement de la carte, et remplacé par une mousse au chocolat qui se révèlera aérienne. Bien présentée, l’assiette salée, composée d’oeufs brouillés, de saumon, de pommes de terre au thym, de fromage et de salade, se marie agréablement avec le rooibos (thé rouge). Pour les gourmands, scones et cookies appétissants (non inclus dans la formule), poT14ur les curieux, pléthore d’événements venant rythmé un agenda dynamique (cours de cuisine, yoga, ateliers réseaux sociaux, etc.) créé sur mesure par la team de My Little Studio.

Le Pavillon des Canaux
39 quai de Loire, Paris 19
Tél. 01 73 71 82 90
Ouv. lundi-samedi 10h-0h ; dimanche 10h-22h
Brunch : samedi & dimanche (24 euros)

Ohinéné, l’Afrique à Gambetta

Succédant à une crêperie bretonne et un restaurant espagnol, Ohinéné fait voyager depuis 3 ans ses convives en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire. Et ça marche ! Car ici, tout est fait maison, des punchs arrangés aux desserts métissés. Pas de service en boubou, ni de masques africains aux murs, la déco est d’une sobriété bienvenue. C’est Edith qui officie en salle, et sa bonne humeur est très contagieuse. Proposant des doggy bags aux uns, claquant la bise aux autres, elle est la décontraction même. En apéritif, le punch au gingembr6tag_300415-125433e, qui met les sens en éveil, est accompagné de chips de bananes plantin, confectionnées par la maman d’Edith. Mais gare à la sauce épicée ! Elle vous laissera un souvenir impérissable.

La carte, volontairement courte, est ponctuée de trois plats typiquement africains – poulet ou poisson braisé, mafé, etc. – le midi, les timides pourront se rabattre sur une blanquette ou une souris d’agneau. Les garnitures sont une ode au voyage : alloco (bananes plantins frites) et brioches à base de farine de riz voisinent avec du riz à la tomate. En dessert, le 7e ciel, avec ses pommes et ananas rôties, vous fera à coup sûr monter au rideau. Une ambiance très chaleureuse et une cuisine mitonnée avec grand soin, voici la recette du succès de Ohinéné.

 

Ohinéné
14 rue de la Chine, Paris 20
Tél. 01 71 20 67 62
Ouv. lundi midi, mardi-samedi midi & soir. Fermé dimanche.
Formules du midi entre 14 et 17 euros ; le soir compter 25-30 euros.

 

Rue des Rigoles, le Paris populaire de l’après-guerre

Né en 1949 à Paris, Gérard Mordillat raconte son enfance dans un deux-pièces du 222 rue des Pyrénées, dont il connaît toutes les marchandes de quatre-saisons. Des douches sur le palier, au 6e étage, la vue est imprenable sur le rocher de Vincennes… et le four du Père-Lachaise. Une ligne d’horizon avec comme point d’ancrage le 20e arrondissement. D’ailleurs, à l’école des garçons de la rue Sorbier, les petits écoliers sont formels : sortir de Paris : « c’était aller à Dache, et dépasser la proche banlieue, partir pour Santa Merde ». A la sortie de l’école, l’arrêt bonbec est incontournable : des Mistral Gagnant (Renaud quand tu nous tiens) aux surprises à un franc enveloppées dans du papier journal. A la maison, l’appétit se fait moineau. En tout cas, surtout pas de cervelle, car « selon une tradition ouvrière, on ne mange pas l’outil de son travail ».

6tag_290415-183339Au 222, on est abonné au journal de la CGT, et certains principes ont des allures proverbiales : « Vote le plus rouge possible, cela rosira toujours ». Rue des Rigoles raconte les petits plaisirs d’un petit parigot sans tête de veau : les spectacles de Guignol aux Buttes-Chaumont, les séance de cinéma au Cocorico ou au Miami, quand le quartier comptait encore 35 salles de cinéma ! Les petits boulots à la foire du Trône, qui se tenait alors entre les colonnes de la place de la Nation – les tours en Rotor évoquent d’ailleurs une très belle scène des 400 Coups. Sans oublier les plans drague au rayon disques du Prisunic Pelleport.

Publié en 2002 et augmenté de textes inédits en 2013, Rue des Rigoles est une ode au Paris populaire de l’après-guerre, avec ses cafés « cocos » où seul le vin rouge est autorisé . Une plume à la Audiard qui rend hommage à cette gouaille parisienne très imagée.

Gérard Mordillat
Rue des Rigoles
Le Livre de Poche

La rue Dénoyez en péril (Belleville)

6tag_290315-123745Près du métro de Belleville, la rue Dénoyez, qui doit son nom à la Folie Dénoyez, bal public culte dans les années 1830, est depuis les années 2000 un terrain de jeu pour les graffeurs, qui ont investi les 156 m de la petite rue piétonne. Dans ce bastion de l’art urbain, même les jardinières valent le coup d’œil : tapissées de mosaïques, elles ont été décorées par les habitants du quartier. Dans un mix improbable, les ateliers d’artistes et les galeries d’art succèdent aux restaurants chinois et espagnols. A son extrémité, la piscine Nakache, inaugurée en 2007, est un signe fort de la gentrification en marche.

Au pied du mur
En ce dernier week-end de mars, les camions de déménagement volent la vedette aux graffs colorés et autres installations éphémères. Depuis 6 mois, le bras de fer entre les habitants de la rue et la mairie n’a rien changé, et l6tag_290315-123839es expulsions ont déjà commencé. Ce havre artistique est plus que menacé par un projet immobilier – la construction de 18 logements sociaux et une crèche de 50 place – qui devrait démarrer en juillet prochain. Au total, c’est un bon tiers de la rue qui devrait changer d’occupants. Le 31 mars, la mairie souhaite murer les ateliers de la rue avant de tout raser. Un grand rassemblement populaire sera organisé en ce mardi endeuillé.

Brunch du Leslie Road (Gambetta)

Un bout d’Angleterre rue du Cambodge, tel est le pari du Leslie Road, ouvert depuis 2 ans à deux pas de la place Gambetta. Derrière une devanture so british, quelques tables sont dominées par une cuisine surélevée qui laisse entrevoir la toque de la cuisinière. En ce samedi midi, c’est presque complet. Et pour ajouter de l’eau à mon moulin, un groupe d’amis enjoués – 10, my god ! – célèbrent leurs retrouvailles dans la salle du sous-sol (toute neuve). A la tête de cette petite entreprise, Lucie, mi -française mi-anglaise, qui avait envie de partager sa madeleine de proust avec les habitants de l’Est parisien : « Le Leslie Road, c’est un clin d’œil à mon grand-père. Il habitait cette adresse dans la banlieue nord de Londres », explique-t-elle.

6tag_280315-200043A l’heure anglaise
Le brunch, qui comprend une assiette chaude ou froide (copieuse), séduit les gros appétits par sa formule « buffet » : pain de mie, jus de fruits, thé, céréales, et un porridge servi dans une grosse cocotte. On est à des années-lumières du chichiteux, et selon les dires de mon compère, le chocolat chaud est délicieux. Pour ma part, les œufs brouillés (aériens) et le jus de pamplemousse fraîchement pressé me remplissent de joie. Pour les autres envies, pies (tourtes), soupes et salades au lunch – fish & chips d’anthologie tous les vendredi midi. Et des pâtisseries à se damner – carrot cake, shortbread, cookies – à l’heure du thé. C’est bon et fait maison !

8, rue du Cambodge (Paris 20)
Tél. 01 77 32 23 47
Ouv. mar.-sam. 12h-19h, dim. 11h30-18h
Brunch : sam. & dim. jusqu’à 14h30 (réservation conseillée) ; 20 euros

Marché d’Aligre

En ce samedi midi, le ciel est d’une pureté cristalline mais le vent sibérien. Malgré un thermomètre qui affiche un mercure en-dessous de 0°, les habitants du quartier – et d’ailleurs – affluent vers le marché d’Aligre. A l’angle de la rue éponyme, de jeunes parents, emmitouflés dans de grosses doudounes, se faufilent avec leurs poussettes dans le défilé des trolleys. Tels des mini cosmonautes, des enfants s’intéressent au sort d’un chien modèle réduit qui grelotte dans les bras de sa maîtresse bling bling. Le vent s’engouffre entre les étals des marchands de quatre saisons, les “yallah” encourageant les chalands à faire le plein de pomelos. Sur les stands, les bonnets sontWP_20150304 de sortie et on se frotte les mains : la météo est de toutes les discussions, les “ça caille” semblant servir d’introduction.

On se bouscule au stand “soyons locavores” où radis noirs côtoient la poire de terre, cousine du topinambour qui fait parler d’elle. Juste à côté, au magasin “la petite affaire”, les habitués saluent Clara à la caisse, fidèle au poste depuis 40 WP_20150304 1ans. Sachets de madeleine en format XXL, barres chocolatées en offre éco… c’est le repère des produits en DLC. Près du marché couvert, un guitariste aux faux airs de crooner pousse la chansonnette à l’intention des promeneurs assis en terrasse – chacun se reflétant dans les Ray Ban de son voisin.

Dans les halles flotte l’odeur de viande rôtie. Un jeune couple bobo, qui étrenne bonnets colorés et hugg moletonnées, demande des conseils de cuisson au commerçant : “quand c’est noir, c’est cuit”, s’exclame-t-il. Sous une barre d’immeubles, le petit marché aux puces attire quelques curieux. Des chemises de nuit d’une autre époque flottent dans le vent et des romans de Danielle Steel des années 1980 attendent toujours acquéreurs. A l’horloge sonne les 13h, marquant le début de la faim.

Place d’Aligre (entre le faubourg Saint-Antoine et la rue de Charenton)
Métro Ledru-Rollin (ligne 8)
Tlj. (sauf le lun.) 9h-13h, 16h-19h30

Brunch du Lapin blanc (Ménilmontant)

WP_20150202 2Le Lapin blanc a plus d’un tour dans son sac. Ouvert depuis 2 ans sur les hauteurs de Ménilmontant, ce « bar à manger » coquet est un pousse-au-crime cher aux hédonistes – comme en témoigne la devanture constellée de 2 impacts de balle, vestiges, selon certaines rumeurs, des funestes effets de la passion.

En ce dimanche venteux, un trio féminin sirote des cappuccinos autour d’une palette-table basse. Un air de récup sans chichis qui rime agréablement avec l’ambiance familiale du lieu. A l’heure du brunch, une odeur de bacon chatouille les narines. Le smoothie gingembre-goyave et les tartines à la confiture de kiwi servent de préambule à la dégustation d’une salade de pois chiches, de pain perdu salé et d’un muesli aux poires parfumé à la coco. Le Lapin blanc, c’est aussi – et surtout – un bar à vins faisant la part belle aux crus naturels (dégustations chaque semaine). Le mercredi, sa formule cinéclub programme des films dans la lignée de L’Attaque de la moussaka géante. Alors, faites comme Alice, plongez dans le terrier du lapin !

84, rue de Ménilmontant, Paris 20
Tél. 06 63 08 60 50
lapinblancmenilmontant.wordpress.com
Ouvert mardi-dimanche, le soir
Brunch samedi & dimanche 12h-16h ; 20 euros