Les Chaises, c’est une histoire de famille, d’amis, de voisins. En fait, c’est le bar juste en bas de chez moi.
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Nous trois ou rien, le premier film de Kheiron
Mercredi prochain sort sur les écrans le premier film de Kheiron, Nous trois ou rien. Kheiron, c’est un peu la gloire locale de la ville pour laquelle je travaille, Pierrefitte-sur-Seine. Pour le mag, j’ai eu la chance de l’interviewer plusieurs fois, et notamment à l’occasion de la sortie de ce film, qui soit-dit en passant, est vraiment réussi. La première fois que je l’ai vu, c’était en projection privée au siège de Gaumont, avec la crème de la crème. La deuxième fois, c’était lors de l’avant-première organisée par la municipalité, dans le gymnase du complexe sportif, en présence de Kheiron et Leïla Bekhti. Au total, 900 personnes, des élus, dont le président de l’assemblée nationale, et pas mal d’ambiance.
Voici l’article que j’avais publié à l’occasion de cet événement local.
A 32 ans, Kheiron semble avoir déjà eu plusieurs vies… artistiques du moins ! L’ex-éducateur du collège Gustave-Courbet a été chroniqueur pour la TV, fait ses classes au Jamel Comedy Club, joué dans la série de Canal+, Bref, et tourné dans plusieurs films, dont Les Gamins, d’Anthony Marciano. Le virus de la scène dans la peau, ce mordu d’impros a été à l’affiche de nombreux spectacles de stand-up, dont « Libre éducation » au théâtre de l’Européen, spectacle à l’humour corrosif qui a affiché complet presque tous les soirs. Sans oublier l’album de rap qu’il a sorti l’année dernière. Rien ne semble arrêter le jeune humoriste ! L’an dernier, Kheiron est passé derrière la caméra pour réaliser son premier film, Nous trois ou rien, qui retrace l’histoire de sa famille, leur fuite d’Iran en 1984, et leur arrivée à Stains au terme d’un périple bouleversant de plusieurs mois. C’est au complexe Roger-Fréville qu’aura lieu l’avant-première du film, le 21 octobre à 19h30, avant sa sortie nationale prévue pour le 4 novembre. Kheiron, qui sera présent lors de la projection pierrefittoise, a accordé à notre journaliste sa toute première interview.
Tiphaine Cariou Peux-tu nous raconter l’origine de ce projet ?
Kheiron Depuis que je suis petit, j’ai toujours voulu raconter cette histoire, qui est celle de mes parents. J’ai interviewé mon père et ma mère afin de récolter leurs deux points de vue. Et j’ai fait mes propres recherches. Je voulais faire un film qui alterne des scènes qui émeuvent et qui font rire, des scènes qui révoltent et qui font réfléchir. Que ce soit une comédie pleine d’émotion.
T. C. Pourquoi faire ce film aujourd’hui ?
K. Je n’ai jamais abordé ce thème dans mon spectacle d’humour – ou dans mes chansons –, car c’est une histoire trop dense qui nécessitait d’être adaptée au cinéma. J’ai tourné récemment dans plusieurs films et grâce à cette expérience j’ai été approché par des maisons de production. J’avais l’idée, et c’était le bon timing !
T. C. Tu as cumulé les casquettes pour ce film. Ce n’était pas trop compliqué ?
K. En effet, j’ai cumulé trois jobs, ceux de comédien, auteur et réalisateur. Ce qui est beaucoup ! Mais pour mon spectacle de stand-up, j’étais déjà auteur, metteur en scène et comédien. Cela m’a aidé !
T. C. Quand et où a eu lieu le tournage ?
K. Il a commencé en juillet de l’année dernière et a duré deux mois et demi. On a tourné à La Courneuve, Clichy et Stains mais aussi beaucoup au Maroc : c’était trop compliqué de tourner en Iran. Les scènes qui se passent à Téhéran ont été tournées à Casablanca. La prison a été créée de toute pièce par le chef décorateur ! Dans tout le film, il y a eu un travail monstre de reconstitution historique : voitures, vêtements, coiffures, rien n’a été laissé au hasard !
T. C. As-tu tourné à Pierrefitte ?
K. Non, c’était impossible car le quartier des Poètes s’est trop métamorphosé. Nous avons tourné les scènes pierrefittoises à Ivry-sur-Seine dans une cité qui ressemble à celle des Poètes et qui a été conçue par le même architecte.
T. C. Peux-tu nous parler du casting ?
K. Je voulais faire un film qui soit reconnu par la critique pour ses qualités d’auteur mais qui reste une comédie populaire. Pour certains rôles principaux, j’ai pensé à Leïla Bekhti et Gérard Darmon car ils ont une vraie force comique. Mais je voulais aussi y faire jouer des acteurs pas encore connus.
T. C. Comment as-tu sélectionné les figurants ?
K. Grâce à mon spectacle, j’ai une base de donnée de 80 000 mails de gens qui sont venus me voir – et qui y sont invités à vie ! Je leur ai donc proposé de faire partie de l’aventure. Du coup, il n’y avait que des figurants qui avaient envie d’être là, qui avaient adhéré à l’histoire.
T. C. As-tu envisagé de ne pas jouer le rôle de ton père ?
K. Non, pas du tout. Car cette histoire est un hommage ! En revanche, c’est un rôle presque d’anti-héros, et qui change complètement de ceux que j’ai joués jusqu’ici. Niveau préparation, j’ai dû perdre 14 kg et travailler beaucoup ma posture physique.
T. C. Est-ce important pour toi que l’avant-première se passe à Pierrefitte ?
K. Oui, bien sûr. Dans le film, on parle de Pierrefitte, de l’histoire de la ville, de ses habitants et de ses figures marquantes. J’espère que les Pierrefittois vont aimer le film et s’approprier cette histoire, car c’est aussi la leur !
Le Bistrot des Soupirs, Gambetta
Bien qu’à 50 m de chez moi, Le Bistrot des Soupirs m’a toujours un peu intimidé, préférant célébrer mes anniversaires de couple (1, 2, 3, raté) au Chantefable, aujourd’hui remplacé par Les Chaises (on en reparle). Ayant changé de propriétaire il y a un an et demi, je me suis enfin résolue à jeter un coup d’oeil à l’ardoise, bien moins onéreuse qu’auparavant, et à pousser la porte vitrée. Aujourd’hui aux manettes, Alexandra et Bruno Bastos ont entièrement refait l’arrière-salle donnant sur le passage des Soupirs, haut lieu romantique de Gambetta, voulant ainsi créer un lieu cosy et familial. Seuls les faux arbres en plâtre encadrant l’entrée sont encore en place – mais plus pour longtemps, promis. Exit la carte faussement gastronomique, place à une ardoise déclinant quelques grands classiques de la cuisine traditionnelle française, la vraie. A la carte, seulement sept plats qui séduiront surtout les carnivores – selle d’agneau, coeur de rumsteack, rognons flambés à la moutarde, etc. Le burger ne manque évidemment pas à l’appel mais quelle surprise ! Viande de boeuf d’Aubrac, cheddar, confiture à l’oignon… il a tout simplement un petit supplément d’âme. Et avec son gros cornichon en devanture, il a fier allure. Belle carte des vins et service souriant pour ne rien gâter. Le Bistrot des Soupirs a un sacré goût de revenez-y.
Le Bistrot des Soupirs
49, rue de la Chine – Paris 20
Tél. 01 44 62 93 31
Fermeture dimanche et mardi soir
Plats autour de 17 euros
Yannick Haenel, Les Renards pâles
En sortant d’une salle de réunion située à l’étage « Folio » de Gallimard, je me suis arrêtée devant l’un des petits cartons « Servez-vous » qui ponctuent les couloirs de la maison de la rue Sébastien-Bottin. Outre la biographie d’André Malraux – que je n’ai jamais lue -, je me suis emparée d’un petit bouquin de Yannick Haenel, dont je me souvenais d’avoir aimé Cercles il y a des années de cela. Profitant d’un grand moment d’oisiveté sur la ligne 4, je commence distraitement à feuilleter ma nouvelle trouvaille. Stupeur et tremblement en déchiffrant le tout premier paragraphe : « C’est l’époque où je vivais dans une voiture (…). Ca me plaisait d’être là, dans la rue, sans rien faire. Je n’avais aucune envie de démarrer (…). Je me sentais bien sous les arbres, rue de la Chine. La voiture était garée le long du trottoir, en face du 27 ». C’est-à-dire en bas de chez moi.
Après avoir été expulsé de sa chambre de bonne, le personnage principal, Jean Deichel, se retrouve à vivre dans sa R18 break pendant de longs mois, les tours du quartier Saint-Blaise comme horizon. Ses cartons rangés dans le coffre, avec un papyrus comme confident, il devient quelqu’un d’autre, dans ce nouvel intervalle de vie dont l’épicentre est son cocon automobile. Douches à la piscine des Tourelles, café aux Petits Oignons, bières à Belleville, Jean Deichel ne « devient que promenade », faisant des cercles autour de la rue de la Chine et en traquant les graffitis du renard pâle, dieu des Dogon dont lui a parlé une jeune femme rousse bien alcoolisée. Toute la 2e partie du livre, beaucoup plus politique, est consacrée à ces fameux renards pâles, et pour être tout à fait sincère, j’ai trouvé ça assez barré. Rue de Belleville, il va rencontrer ce groupe de sans-papiers qui portent des masques dogon et aiment faire des orgies de vodka au Père-Lachaise façon magie noire. Vie des exclus, identité perdue… les thèmes se juxtaposent et les métaphores s’enchaînent lourdement. En bref, à lire pour les 114 premières pages.