Près du métro de Belleville, la rue Dénoyez, qui doit son nom à la Folie Dénoyez, bal public culte dans les années 1830, est depuis les années 2000 un terrain de jeu pour les graffeurs, qui ont investi les 156 m de la petite rue piétonne. Dans ce bastion de l’art urbain, même les jardinières valent le coup d’œil : tapissées de mosaïques, elles ont été décorées par les habitants du quartier. Dans un mix improbable, les ateliers d’artistes et les galeries d’art succèdent aux restaurants chinois et espagnols. A son extrémité, la piscine Nakache, inaugurée en 2007, est un signe fort de la gentrification en marche.
Au pied du mur
En ce dernier week-end de mars, les camions de déménagement volent la vedette aux graffs colorés et autres installations éphémères. Depuis 6 mois, le bras de fer entre les habitants de la rue et la mairie n’a rien changé, et les expulsions ont déjà commencé. Ce havre artistique est plus que menacé par un projet immobilier – la construction de 18 logements sociaux et une crèche de 50 place – qui devrait démarrer en juillet prochain. Au total, c’est un bon tiers de la rue qui devrait changer d’occupants. Le 31 mars, la mairie souhaite murer les ateliers de la rue avant de tout raser. Un grand rassemblement populaire sera organisé en ce mardi endeuillé.