En ce samedi midi, le ciel est d’une pureté cristalline mais le vent sibérien. Malgré un thermomètre qui affiche un mercure en-dessous de 0°, les habitants du quartier – et d’ailleurs – affluent vers le marché d’Aligre. A l’angle de la rue éponyme, de jeunes parents, emmitouflés dans de grosses doudounes, se faufilent avec leurs poussettes dans le défilé des trolleys. Tels des mini cosmonautes, des enfants s’intéressent au sort d’un chien modèle réduit qui grelotte dans les bras de sa maîtresse bling bling. Le vent s’engouffre entre les étals des marchands de quatre saisons, les “yallah” encourageant les chalands à faire le plein de pomelos. Sur les stands, les bonnets sont de sortie et on se frotte les mains : la météo est de toutes les discussions, les “ça caille” semblant servir d’introduction.
On se bouscule au stand “soyons locavores” où radis noirs côtoient la poire de terre, cousine du topinambour qui fait parler d’elle. Juste à côté, au magasin “la petite affaire”, les habitués saluent Clara à la caisse, fidèle au poste depuis 40 ans. Sachets de madeleine en format XXL, barres chocolatées en offre éco… c’est le repère des produits en DLC. Près du marché couvert, un guitariste aux faux airs de crooner pousse la chansonnette à l’intention des promeneurs assis en terrasse – chacun se reflétant dans les Ray Ban de son voisin.
Dans les halles flotte l’odeur de viande rôtie. Un jeune couple bobo, qui étrenne bonnets colorés et hugg moletonnées, demande des conseils de cuisson au commerçant : “quand c’est noir, c’est cuit”, s’exclame-t-il. Sous une barre d’immeubles, le petit marché aux puces attire quelques curieux. Des chemises de nuit d’une autre époque flottent dans le vent et des romans de Danielle Steel des années 1980 attendent toujours acquéreurs. A l’horloge sonne les 13h, marquant le début de la faim.
Place d’Aligre (entre le faubourg Saint-Antoine et la rue de Charenton)
Métro Ledru-Rollin (ligne 8)
Tlj. (sauf le lun.) 9h-13h, 16h-19h30