Rock en Seine, c’est cool mais c’est forcément loin de chez toi, sauf si tu habites encore chez papa-maman ou que tu as choisi l’option camping (pire). Tellement loin que tu as presque l’impression d’aller voir tes potes en banlieue. Si tu as oublié la presse, t’es mort – ce qui est mon cas – ce que j’attribue à une visite inopinée des Témoins de Jéhovah.
Sur la ligne 10, premier rassemblement des festivaliers – des filles coiffées de couronnes de fleurs – les mêmes que pour We Love Green – et des types qui enquillent les Heineken dès 16h30. A la sortie du métro, Aubervilliers semble avoir pris ses quartiers d’été : mention spéciale pour les pancartes « Cheche places » – évocation subliminale ou anglophone d’un nouveau type de bars à chicha ? C’est la farandole des flyers : rien de tel pour apprendre que Jean-Michel Jarre n’est pas mort mais qu’il partage l’affiche avec Moby. A chaque carrefour, des flics en tenue d’apparat font les gros yeux en nous demandant de traverser quand le bonhomme est vert.
T’as le look, coco
Rock en Seine, c’est le défilé des t-shirts que l’on ressort du fin fond de son armoire (et de sa mémoire) pour prouver sa « rock attitude » : Nirvana, Jimi Hendrix, Jim Morrison – et même Yoda et les Schtroumpfs – jusqu’au pauvre type qui n’a trouvé qu’un T-shirt Hard Rock Café Barcelona (revival Erasmus) à enfiler. Les filles sont plutôt en mini-short, assorti de tattoos éphémères et de bijoux artisanaux chinés chez H&M. C’est aussi les discussions autour de la bière la plus coupée à l’eau des festivals franciliens, la tournée des foodtrucks, le burrito qui dégouline devant FFS, les 10 milliards de textos que l’on s’envoie (« rdv QG Cascade ») pour essayer de se retrouver parmi les festivaliers déguisés en Tigrou ou en Power Rangers, les ados torse nus qui, l’alcool aidant, ont oublié leur problème d’acné, brandissant l’incontournable drapeau breton ou des frites servant habituellement aux séances d’aquagym. Mais Rock en Seine c’est aussi danser, sauter, gueuler comme un putois, chanter en yaourt, frissonner de plaisir sous des températures caniculaires, « parce que c’est SA chanson » qui passe ! Rdv l’année prochaine (avec mon t-shirt Depeche Mode) ! Please don’t go, I love you so.
Concerts / palmarès 2015
Meilleure ambiance : Offspring
Découverte « dance party » : Hot Chip
Concert le plus puissant : Alt-J
Séquence émotion : Balthazar
Guitariste le plus sexy : Interpol
Moment de grâce : Jeanne Hadded